vendredi 10 juillet 2009

Le goût du drame




J'ai vraiment impression que les gens ont le goût du drame. Avec le métier que j'exerce, je suis confronté au sordide, au misérable, à la bêtise, au quotidien. Tous les jours j'entends des gens se plaindre ou plus triste encore des gens revendiquer leur malheur.

Il semble que l'être humain, moderne, se soit habitués à justifier sa propre existence par une espèce de lutte permanente contre la vie elle-même.
Il ne se peut pas que tout aille bien. Car si tout allait bien, il ne serait plus quoi faire. Et dans notre société l'inactivité, l'oisiveté, et même la contemplation : le simple bénéfice du calme, sont perçus comme des crimes.

Les gens ne supportent pas que tout aille bien car dès lors ils n'ont rien à dire. Si toute leur vie était une simple succession d'événements indolores et quelconques alors qu'aurait-il à raconter ? Quels seraient-ils aux yeux des autres ?
Rien. Une simple forme de vie qui se sera reproduite et qui aura survécu le plus longtemps possible dans l'indifférence totale.

Et c'est en cela que ce serait insupportable. En effet en tant qu'animaux sociaux nous vivons au travers du regard des autres. Nous sommes, pour une grande partie, ce que pensent les autres de nous, ou pour le mois ce que nous croyons qu'ils pensent de nous. Notre identité se définit forcément via cette exigence. Il faut donc sans cesse prouver son existence.
Et quoi de mieux que de prétendre avoir à lutter constamment ?
Les gens adorent être des espèces de héros du quotidien.
« Moi j'ai des soucis ! Moi je fais face ! Moi j'en peux plus ! Moi ma famille elle a des problèmes ! » Et j'en passe. Pour souvent n'évoquer que les simples contraintes du quotidien, de leurs conditions d'occidentaux.

Je ne dis pas que les gens n'ont pas de problème. Je ne dis pas que la vie n'est pas une succession d'épreuves. Je ne dis pas que nous ne devons pas faire face à des drames, des tragédies, des frustrations, et douleurs. Au contraire.
Cependant il serait bon de pondérer un peu ce qui nous arrive.

Oui nous avons tous des problèmes. Et je suis un grand défenseur du fait que la philosophie du pire est une chose qui ne marche pas.
Il y a toujours pire ailleurs, mais cela ne justifie rien. Car s'il faut sans cesse refuser sa condition soit meilleur, plus supportable, plus humaine, sous prétexte que d'autres souffrent ou ne bénéficient pas des mêmes chances que nous, alors il devient impossible de s'extraire de sa propre condition, de se motiver au changement, de tenter de faire évoluer les choses, d'essayer de vivre mieux, ou tout simplement bien. Et ça c'est aussi insupportable.

Pour autant, et bien que je reconnaisse à tous aussi bien qu'à moi le droit de se plaindre. Il met de plus en plus difficile de voir certains qui sabotent leur vie plus ou moins consciemment. Combien de gens autour de nous se complaisent dans des histoires de couples dysfonctionnelles sans fin ? Combien revendiquent leurs problèmes de santé ? Combien se mettent dans la merde plus ou moins sciemment ? Tout simplement pour qu'il se passe quelque chose dans leur vie.
Trop.

Et si ce si angoissant qu'il ne se passe rien ?
Est-ce que moi aussi je sabote ma vie pour exister aux yeux des autres ?

Il est difficile de faire la différence entre angoisse, procrastination, et sabotages inconscients peut-être que je suis tout cela à la fois.