samedi 16 février 2008

A mon tour de vomir ma haine de ce monde.


loneliness by ~toko

A mon tour de vomir ma haine de ce monde.

Mes camarades l'ont fait avec brio (voir les deux sites ardemment conseillés). Mais j'ai moi aussi mon mot à dire. Et pas qu'un seul même.

Dans quel monde vivons nous ?

j'évolue parmis des gens qui vivent entre médiocrité subie et entretenue, à coup de télévision débile, de culture verrouillée par les élites, de misérabilisme entré dans les moeurs, pauvreté, précarité, agressivité, valeurs humanistes foulées au pied par "soucis de réalisme", et autres considérations consternantes. Et j'ai la nausée.

Les gens se traitent comme des chiens, et traitent leurs chiens mieux que leurs semblables.
Les élites se moquent de classes moyennes en entretenant leur futiles espoirs d'accéder à la même aisance qu'eux.
Les classes moyennes méprisent et craignent les plus pauvres de peur de perdre les minables biens qu'ils ont accumulés pendant des heures de frustrations et d'obéissance rémunérées. Et ils ne songent pas un instant en regarder ceux qui sont au-dessus d'eux, trop occuper à craindre ceux qui se traînent juste au dessous de leur situation.
Les plus pauvres traînent d'ailleurs leurs gueules sur le macadam dans une indifférence feinte, et interpellent, insultent, supplient parfois en crevant sous nos yeux.
Et moi au milieu de tout ça j'ai bien du mal à faire comme si.

Comme si, seul, mon pathétique et vain destin, était quelque chose de hautement important, qui impliquerai que je me prenne très au sérieux, que je lutte pour me place (même si lutter pour sa place sa veut dire lutter contre les autres), que je crois à ce que je fais, que j'y croirai si fort que j'en oublierai que tout simplement un jour je vais crever et que ça n'aura aucune importance.

Je n'ai vraiment pas envie de faire comme si.
Vraiment pas envie d'écouter le jugement sur moi d'abrutis qui sont tout ce que je méprise. Vraiment pas envie, d'accumuler des objets dont je n'ai pas besoin et de les remplacer quand j'en aurai l'occasion plutôt que lorsque c'est nécessaire. Vraiment pas envie de me pourrir l'existence à échanger mon temps contre de l'argent. Vraiment pas envie, d'être "informé" sur toute la misère du monde, sur la violence ailleurs, sur la chance que j'ai d'agoniser dans la pollution, dans le stress, la solitude, l'inquiétude et l'oppulence en occident. Vraiment pas envie, de fermer ma gueule. Vraiment pas d'ignorer tout les clodos parce que de toute façon, ils sont trop nombreux, ils sont alcoolisés, ils sentent mauvais. Vraiment pas envie d'être à leur place. Vraiment pas envie d'avoir peur des étrangers alors que mon grand père était un étranger. Vraiment pas envie de voter pour des visages derrière lesquels il n'y a pas de projet de société, ou pire encore un projet de société que je refuse. Vraiment pas envie de cautionner ce systéme en votant d'ailleurs. Vraiment pas envie de laisser les autres décider à ma place. Vraiment pas envie qu'on me prenne pour un gamin. Vraiment pas envie qu'on me manipule. Vraiment pas envie d'être un de ceux qui entretiennent le systéme. Vraiment pas envie de croire en des contes de fée sur l'âme éternel, sur un grand créateur qui n'a rien d'autre à foutre de se demander si on a été sage et obéissant ou pas, et autres conneries sur la vie après la mort. Vraiment pas envie de croire que je détient la vérité, et encore moins d'essayer d'imposer ma vision du monde aux autres. Vraiment pas envie de renoncer à mes convictions pour m'intégrer où que ce soit et avec qui que ce soit. Vraiment pas envie qu'on essaie de me faire croire que j'ai des choix à faire et que je suis entiérement, totalement et irrémédiablement responsable de toutes les merdes qui m'arrive. Vraiment pas envie de grand chose ...

Peut-être que je n'ai toujours pas tourné la page d'un adolescence rebelle (même si je n'étais pas rebelle dans mon adolescence), que je n'ai toujours pas grandi, que je ne suis toujours pas un adulte qui encaisse plus ou moins en silence, plus ou moins avec l'aide d'antidépresseurs, d'alcool, de clopes, de je ne-sais-quelle drogue. Peut-être que je suis un inadapté social, ou psychologique, que quelque chose a foiré dans mon éducation, dans mes expériences de vie, dans ma physiologie, qui fait qu'aujourd'hui je souffre à la vue du monde dans lequel j'évolue et qui me semble insoutenable par moment. Mais en attendant quelque soit le merdier, intérieur ou extérieur, à l'origine de ma souffrance, je souffre.

Je sais que je suis risible de me répandre en considération navrante sur l'état des choses et sur mes petits états d'âmes.
Alors quitte à être risible, je le serai jusqu'au bout en publiant les mots qu'utilisait un humoriste américain pour conclure ses spectacles, plutôt que ceux d'un éminent philosophe pour terminer :

“The world is like a ride in an amusement park. And when you choose to go on it, you think it’s real because that’s how powerful our minds are. And the ride goes up and down and round and round. It has thrills and chills and it’s very brightly coloured and it’s very loud and it’s fun, for a while. Some people have been on the ride for a long time and they begin to question, is this real, or is this just a ride? And other people have remembered, and they come back to us, they say, “Hey – don’t worry, don’t be afraid, ever, because, this is just a ride…” And we… kill those people. “We have a lot invested in this ride. Shut him up. Look at my furrows of worry. Look at my big bank account and my family. This just has to be real.” Just a ride. But we always kill those good guys who try and tell us that, you ever notice that? And let the demons run amok. But it doesn’t matter because: It’s just a ride. And we can change it anytime we want. It’s only a choice. No effort, no work, no job, no savings and money. A choice, right now, between fear and love. The eyes of fear want you to put bigger locks on your doors, buy guns, close yourself off. The eyes of love, instead, see all of us as one. Here’s what we can do to change the world, right now, to a better ride. Take all that money that we spend on weapons and defences each year and instead spend it feeding and clothing and educating the poor of the world, which it would many times over, not one human being excluded, and we could explore space, together, both inner and outer, forever, in peace.”
Bill Hicks


La prochaine fois il y aura une nouvelle de publiée, normalement. (pour ceux que ça intéresse) .

dimanche 3 février 2008

Il la regarde

Shos by ~namelesshachi

Il la regarde.

Elle, au bout de l’allée. C’est elle qu’il regarde avec attention. Pourtant, il fait tout pour dissimuler son intérêt, les gens ne comprendraient pas, enfin s’ils comprenaient ils seraient très mal à l’aise, et surtout il ne faut pas qu’elle s’aperçoive qu’elle est l’objet de son attention. Il y a du monde, du passage, mais il sait comment ne pas perdre de vue ses cibles. Et tous les quidams qui se placeront ente lui et elle, n’y changerons rien. Il ne peut la perdre de vue.


Il la trouve jolie. Belle même, maintenant que dix minutes sont passées depuis qu’il la suit, il sait, il est convaincu qu’elle est belle.


Alors pendant cette chasse, il la détaille.Elle a un corps très séduisant, fin et gracieux. Elle semble âgée de la trentaine, une trentaine commençante, comme lui. Ses cheveux bruns sont mi-longs et pas franchement bien coiffés, on dirait d’ailleurs qu’elle n’a pas fait grand-chose pour se mettre en valeur, mais qu’importe ce genre de femme est irrésistible quel que soit son allure, et il trouve même que ce petit côté sauvage l'embellit. Elle porte une robe flottante rouge, qui tombe jute un peu au-dessus de ses chevilles. C’est l’été dehors c’est la canicule, les gens portent ce genre de choses légères et parfois sexy, même si à l’intérieur du magasin la température est agréable grâce à la climatisation. Lui est habillé de noir, il n’a pas le choix, l’obligation de la discrétion, encore qu’il s’interroge parfois sur le choix de cette couleur quand il se faufile parmi les couleurs estivales.


S’il la suit, c’est de sa faute à elle. Elle est responsable, on n'agis pas comme elle le fait, ça n’est que rarement sans conséquences.


Il s’attarde maintenant sur un détail. Les bretelles de sa robe sont très fines et laissent apparaître celles de son soutien-gorge blanc. Elle est belle et ce petit rien la rend sexy, peut-être l’est-elle à son insu et qu’elle ignore l’effet qu’elle peut produire. Bien que ça soit improbable il est possible qu'elle ne sache pas l'effet qu'elle produit. C’est un supplice pour lui que de devoir l’observer avec autant d’intérêt. Il n’est qu’un homme, et la nature agit.


Elle semble fatiguée, elle en est d’autant plus facile à suivre.
Elle change de rayon. Il continue à rester sur ses traces, toujours à distance. Il a un doute, il se dit qu’elle risque de se rendre compte du petit manège qu’il fait autour d’elle, tel un félin qui guète une proie dans la brousse. Il s’arrête brusquement pour ne pas se révéler , mais elle est bien trop affairée à ses activités pour le voir, alors il continue. Et de toute façon, les techniques de dissimulation qu’il a mises au point sont bien trop efficaces, elle n’a aucune chance, c’est juste une question de temps.


Il se remet alors à la regarder comme une femme plus qu’une cible. Elle est attirante, tous les hommes ressentiraient la même chose que lui en cet instant, il a envie de son corps. Mais il ne peut pas, pas ici. Il se dit cependant que peut-être il pourrait tenter de la connaître, de savoir qui elle est. Toutefois cette pensée s’interrompt, car il sait que c’est impossible, il doit la suivre jusqu’au bout, il est là pour ça. En d’autres circonstances il imagine qu’ils auraient pus se rencontrer, ensuite se parler, il aurait alors certainement tenté de la séduire car elle en vaut la peine, elle aurait peut-être cédée à ses avances. Seulement tout ce scénario est proscris, son choix est fait, il est trop tard pour revenir en arrière. Après ce qu’il va lui faire, il sait bien que ça ne sera plus possible plus tard, en tout cas très peu probable.


Il observe sa démarche, ses gestes. Elle semble sujette à un certain malaise, victime d’une certaine anxiété. Peut-être se doute t’elle de quelque chose, il semble en tout cas que c’est la première fois pour elle.Lui, il a déjà fais ça des dizaines de fois.


Il se souvient qu’au début il en a parlé à certains de ses amis, il a essayé de faire comprendre ce qu’il ressentait à l’issue des chasses, il a tenté de décrire pourquoi il fait ce qu’il fait, et dans l’ensemble les gens comprenaient assez bien, enfin ceux qui écoutaient vraiment. Mais la compréhension des autres ne changeant rien à ses pénibles sentiments. Il a donc arrêter d’en parler, car celle-ci ne l’emporte que rarement sur les jugements, et désormais il se tait pour juste se contenter de faire ce qui doit être fait, et prendre sur lui.


Elle change encore de rayon, elle n‘achète rien, n’a même pas pris de caddy, ça rends les choses encore plus simples et évidentes. Elle regarde vaguement quelques produits dans les rayonnages, hésite, reviens sur ses pas puis accélère le pas. Elle s’oriente maintenant vers la sortie. Dans peu de temps il pourra passer à l’action. En attendant il faut surtout qu’il garde son calme, qu’il ne se précipite pas.


Il a sincèrement envie de lui parler, de lui dire ce qu’il projette, pour qu’elle puisse peut-être s’échapper. Si seulement il pouvait, mais il ne peut pas, Ils ne comprendraient pas. Ceux qui lui parlent en ce moment même, ne pourraient comprendre si il venait à la sauver, quoiqu’il se pourrait qu’ils comprennent, mais ils ne pourraient le tolérer, et ça c’est certain.


Elle n’est encore sortie du magasin, mais a passé le portique sans achats, il accélère le pas, la rattrape, la prends par le bras, et lui dis :« - Toi tu vas me suivre.- Mais, je ne… », elle cherche ses mots, puis s’interrompt comprenant que toutes protestations seraient vaines.Elle alors tente de trouver de la bienveillance dans le regard de cet homme imposant qui lui tiens le bras, elle lève les yeux vers l’homme. Mais son regard la transperce.« On vas aller là bas, et tu vas le faire tranquillement sans qu’on se fasse remarquer, c’est mieux pour toi, crois moi. », dit-il, en lui indiquant d’un geste de la tête la direction d’une porte noire, dans un coin sombre.


Elle est tétanisée, et ne se débat pas. Elle le regarde encore une fois, et son visage lui inspire toujours la même froideur, la même sévérité.


Elle a conscience de ce qui lui arrive, et la peur, la honte, le stress, obscurcisse sa réflexion, alors elle s’exécute, et s’avance avec lui d’un pas résigné vers cet endroit qui s'annonce terrible.


Atours des gens observent, mais n’interviennent pas. Certains murmurent quelques commentaires, d’autres font semblant de ne pas voir la scène, la majorité ne se rend même pas compte de ce qui est en train de se jouer, et ils continuent à vaquer à leurs occupations dans une indifférence totale.


Elle entre dans le local, et constate que deux autres hommes à l’intérieur attendaient sa venue.
L’un d’eux se lève et s’adresse à son comparse :

« -Bien joué Pierrot. », dit-il sur un ton respectueux,

« C’est vraiment toi le meilleur. »Ce dernier ne réponds rien, il se contente d’observer sa prise du jour, avec une certaine douleur pour elle.

Quant à l’autre, il fixe la proie et l’examinant de la tête a pieds.

« -Bon ma petite jolie, je crois que tu sais pourquoi on t’a amené ici, n’est-ce pas ?

- Oui je sais, dit-elle doucement. Mais qu’est-ce qui vas m’arriver exactement maintenant ? »


Personne ne réponds. Les trois costauds se regardent à tour de rôle, hochent de la tête, haussent les épaules et se lancent des regards, parfois ils la regardent sans rien dire, et dans ce local exigu, aménagé de manière à pouvoir observer les clients du magasin sans être vus, c’est maintenant ces trois hommes qui vont décider du sort de la belle.


A l’intérieur de la pièce, elle attend, et elle constate que de là on voit très bien les gens dehors passer, obnubilés par leurs activités, inconscients d’être observés, et ignorant que des hommes les guettent depuis ce lieu.


La communication silencieuse entre les malabars semble au bout de quelques secondes trouver sa conclusion.


Celui paraissant être le plus âgé des trois, s’approche alors, et pose sa main délicatement sur l’épaule de la captive. Elle sursaute légèrement à son contact, mais se contient, puis se concentre pour écouter.
Après avoir jeté un rapide regard à ses deux collègues pour obtenir une dernière approbation silencieuse de leur part, il lui dit :« -C’est pas ce qu’on fait d’habitude, mais pour toi on vas peut-être se montrer plus gentils, si tu te montres arrangeante, et que tu nous fais plaisir en coopérant. »


Maintenant elle ne peut plus fuir, tout à l’heure la situation le permettait peut-être, elle était si proche de la sortie, de la liberté, mais elle n’a pas su le faire, et désormais quoiqu’ils proposent, elle comprend qu’elle devra accepter si elle veut revoir ses deux enfants, et ne pas les laisser livrés à leurs sorts.


L’homme reprend :

« - On est prêt à ne pas appeler la police. Si tu rends toutes les marchandises que tu as prises aujourd’hui sans faire d’histoires ou de manières, et si on te voit plus jamais dans ce magasin. C’est d’accord ?

- Oui, répond t’elle immédiatement, mais vous savez je suis pas une voleuse, j’ai deux enfants à nourrir, j’ai eu des ennuis, et comme je suis seule c’est tout ce qui m’est venue… dit elle en sanglotant et en sortant l'objet à cause duquel elle se trouve là.

- Ben c’était une mauvaise idée, des ennuis tu pourrais en avoir encore plus, et je ne crois pas qu’on puisse cuisiner un appareil photo numérique. »


Elle pleure. Son ancien poursuivant ne supporte pas de voir une femme pleurer, pour lui c’est insoutenable, il en a la gorge nouée et l’esprit qui file. Alors il coupe son talkie-walkie, sort, allume une cigarette, et fume en essayant de penser à autre chose.


Puis il attends la fin de la journée, triste.